26 - LIVRES

Cette foule qui peuple tous mes rayonnages

A toutes les couleurs et de partout provient.

Certains d’entre eux font voir les marques du grand âge,

Et portent la jaquette comme les Anciens ;  


D’autres montrent écrits sur la page de garde

La date de l’achat, parfois même l’endroit

Et beaucoup ont connu la foire campagnarde

Entre deux chandeliers et des statues de  bois.


Ce sont des immigrés, la plupart sont venus

De contrées fort lointaines, mais parlent français

Mieux que tous ces Français qui ne les ont pas lus,

La langue de l’esprit tout lecteur la connaît.


Tant d’histoires diverses, de péripéties

Tant de pays, d’Empires, de guerres livrées,

Tant de contes de Fées, de violences subies,

Tant de philosophie, en des mondes rêvés,


Tous font un même peuple de même pensée.


28 janvier 2025

25 - In memoriam Auschwitz


[Extrait du Tome 1 de mes "Mémoires". 1945. J'avais 8 ans à peine.]



Mon père m’emmenait parfois sur sa moto,

Quand il allait faire le tour de ses travaux, 

Sur les petites routes de tout son secteur, 

C’était alors pour moi un immense bonheur ! 

J’étais sur le “tan-sad” et je me cramponnais 

Dans les virages quand la moto s’inclinait, 

Mais on n’allait pas vite, la “Motobécane” 

Était déjà ancienne, et sujette à des pannes… 

…………………………………………………………


Mais en quarante-cinq, un soir mon père dit : 

« Je t’emmène à la gare, prépare-toi, Guy ! » 

Il sortit la moto, et je grimpais dessus ; 

«  Tiens-toi bien ! dit ma mère, et mets ton pardessus, 

Car si vous rentrez tard, il pourrait faire froid ! » 

Étonné je me suis bien demandé pourquoi, 

Elle disait cela comme si c’était loin, 

Car la Gare de Reims, je la connaissais bien 

On y passait toujours quand on allait là-bas… 

Mais nous voilà partis. Mon père s’arrêta 

Pas très loin de la porte d’où sortaient des gens, 

Aux petites valises, qui ouvraient tout grands 

Leurs bras à d’autres qui, longtemps, les étreignaient, 

En pleurant semblait-il, et criaient, s’appelaient…  

Des autos, ou même des charrettes, les attendaient, 

Parfois des groupes avec drapeaux les escortaient, 

Et je me demandais pourquoi nous restions là… 

Mais mon père me dit : «  Surtout ne bouge pas ! 

Je reviens tout de suite, et toi, tu m’attends là. » 

Je le vis s’avancer vers un homme esseulé, 

Attendant, bras ballants, comme désemparé, 

Semblant comme perdu, et l’air un peu hagard, 

Maigre, flottant dans un costume un peu bizarre 

De bleu et blanc rayé, comme un grand pyjama… 

Et dans l’”Union”, j’en avais vu, déjà ! 

Mon père va vers lui et lui dit quelques mots, 

Puis avec un grand geste, montre la moto. 

L’homme semble hésiter et tend le doigt vers moi ; 

Mon père doucement lui prend alors le bras 

Et l’ayant amené, me dit : «  Tu montes là ! » 

Je grimpe sur le réservoir, le moteur chaud 

Me brûle un peu les jambes, mais je ne dis mot. 

L’homme péniblement s’installe à l’arrière, 

Et mon père démarre, et c’est pour moi mystère 

De savoir où l’on va  ? Il me dit : «  À Courmas. » 

Je connaissais l’endroit, nous y allions parfois, 

Même avec la remorque et avec les vélos, 

Ce n’est pas loin, mais il ne fait vraiment pas chaud, 

Et la nuit qui commence à tomber, les nuages 

Tout cela fait que la route me semble étrange… 

Personne ne dit mot, le bruit de la moto 

Seul retentit comme si allant au galop 

Des fantômes filaient dans le flou de la nuit, 

Mais soudain on s’arrête, l’homme a dit : «  Ici. » 

Une maison petite, dans la rue déserte, 

L’homme qui remercie, descend et fait un geste : 

Mon père dit  : «  Non, non…  » et nous voilà partis.


Nous ne saurons jamais ce qu’il trouva chez lui, 

Quel accueil fut le sien, ce qu’il est devenu, 

Mais nous étions bien fiers de l’avoir secouru.


27 janvier 2025

24 - Télé-réalité

Aujourd’hui la télé tient lieu de vérité.
Et quand on voit un ramassis de tortionnaires 
Dans de belles tenues, et fort bien cagoulés
Brandir leurs armes tout comme des militaires,

La mise en scène est réussie : on les admire,
Comme les vrais vainqueurs d’un scénario d’horreur
Et leurs otages bien choisies ont le sourire,
Sous peine de périr, comble de la terreur.

Ces barbares se font aujourd'hui admirer
Comme des combattants — ce sont des lâches,
Ayant pris tout un peuple pour se protéger
Et jouant grâce à eux un jeu de cache-cache

Pour mieux faire souffrir ceux qu’ils avaient murés
Au fond de leurs tunnels, en toute impunité.
Car même dans la guerre il y a des degrés
Et celui-ci n’est pas près d’être dépassé :

Seuls les nazis pourraient leur être comparés !

25 janvier 2025

23 - État profond

Dans la diplomatie, on connaît la chanson,
Parler pour ne rien dire fait partie du jeu,
Et le “en même temps” dont raffole Macron
Est une autre façon de dire ce qu’on veut

Sans le dire et laisser les journaux deviner
Ce qu’il faudrait penser, ce qu’on peut supputer.
Il est bien entendu que tout étant crypté,
Il faut un “Ministère de la Vérité”.

Et des “Agences” payées cher pour informer
De ce qu’on voit entre les lignes anodines,
Des bureaux, des experts, spécialement formés
Pour déchiffrer tant de formules sibyllines.

Les lois sont débattues, mais leur application
Se fait le plus souvent en mode aléatoire,
Et des “amendements” cette accumulation
Rend le texte initial souvent rédhibitoire !

“L’État profond” n’est certes pas une illusion : 
Une machinerie de bureaux, d’habitudes
Résiste aux changements, et fait de l’obstruction.
Le pouvoir est celui des cabinets d’études,

Où rôdent les fantômes de la corruption… 

24 janvier 2025

22 - Pour Boualem Sansal

Il y a de cela plus de 70 ans
Je peignais sur les ponts, tenu par des copains,
« Le FNL vaincra  !  » , car c’était le slogan
Que nous partagions avec les Algériens.

Aujourd’hui l’Algérie aux mains des islamistes
Continue de croupir de par leur corruption,
Et reproche aux Français d’être  colonialistes
En mettant l’un des leurs, écrivain, en prison.

Nous étions bien naïfs de croire aux maquisards
Des Aurès et d’ailleurs, comme il en fut chez nous,
Contre les Allemands : ce n’est que bien plus tard
Qu’on vit comment ce peuple fut mis à genoux

Par tous les militaires prenant le pouvoir
Incapables de faire autrement que piller
Ce riche et beau pays, méprisant son histoire,
Et sa première sujétion bien oubliée,

De l’Islam ils ont fait comme un nouveau colon
Pour dominer le peuple et pour se justifier.
Boualem, lui, lettré, qui faisait comme un pont
Entre les deux pays, il fallait l’empêcher

De montrer que c’était la bonne solution ! 

23 janvier 2025

21 - Le Rêve américain

L’Empire américain était sur le déclin,
Du moins le croyait-on. Et voilà que soudain
D’une élection renaît le “Rêve américain”,
Et non plus par la guerre en des pays lointains…

Le Monde maintenant n’est plus du tout binaire
Bien qu’il soit devenu tout à fait numérique ; 
Pékin roule pour lui  et vend beaucoup moins cher,
Moscou s’est étendu sur les pays d’Afrique.

La fourmilière indienne a de très beaux esprits
Et la plupart d’entre eux sont mathématiciens ; 
Ils vont en Amérique ou bien dans la City,
Et l’IA d’aujourd'hui est souvent dans leurs mains…

Elon Musk a compris qu’il lui fallait quelqu’un 
Qu’il puisse influencer, et qui ait de la poigne
Pour faire de “SpaceX” et son rêve martien
Celui de l’Amérique et pour qu’elle se soigne

D’une addiction wokiste ne menant à rien !

22 janvier 2025

20 - Demain ?

L’Amérique figure ce que nous serons
Si, comme les “indiens” nous sommes remplacés
Par des envahisseurs prêchant la “Soumission”
Le  Coran remplaçant la Bible des pionniers.

Nous ne sommes pas mis encore en des “réserves”,
Mais notre territoire est déjà morcelé
De zones de non-droit, l’occupant s’y préserve
De nos coutumes, de nos mœurs si détestées

Avant, comme le voile, de pouvoir imposer
Le hallal, la prière, toute leur “chariah”,
De nos vieilles églises faire des mosquées,
Non pas par une guerre, mais à tout petits pas.
 

Nous serons des “dhimmis”, tolérés, méprisés.
Le Califat de France rejoindra l’Oumma
Et nous oublierons tout de notre beau passé
Nos livres, nos  savants, nos musiciens… mais pas
 
Si nous ouvrons les yeux, si nous ne cédons  pas !

21 janvier 2025

19 - Frontières

Notre peau est déjà la barrière première,

Contre tous les virus, bacilles, moisissures,

Bien plus nombreux que nous, qui sommes éphémères :

Ils  guettent sans relâche la moindre fissure !


Debray a fort bien fait l’éloge des frontières

À l’époque où l’Europe se prenait pour Rome

Et de Caracalla reprit le magistère,

À Shengen décrétant que désormais les hommes


D’où qu’ils viennent, seraient de libres citoyens

Pouvant aller, venir, à leur guise — sans voir

Qu’il fallait au contraire, par tous les moyens

Se protéger enfin de l’afflux des barbares,


Mettre sous les verrous la Bande de Gaza,

Armée de fanatiques d’esprit sanguinaire

Hezbollah descendant en direct d’Attila

Et d’Israël voulant éradiquer la Terre


Des innocents prenant en otages sous terre !


20 janvier 2025


18 - Otages

Mourir à petit feu tout au fond d’un tunnel

Pour la simple raison de n’être pas comme eux

Avec ces fous d’Allah postés en sentinelles

Et les bombes qui tombent descendues des cieux,


Et le gaz répandu qui nous brûle les yeux

Et la faim et les coups, les crachats, les injures

Tant de sauvagerie faite au nom de leur Dieu

Nous ne comptons les jours que comme les tortures


À nos corps infligées, en nos coeurs infiltrées

Goutte à goutte de haine jamais assouvie

Et l’espoir insensé de se voir délivrés

Avant que ne s’écoule le sang de nos vies.


Nous sommes en Enfer sans Jugement Dernier,

Nous avons vu nos soeurs et nos femmes violées

Nos enfants déchirés de mitraille acharnée

Et pourquoi nous encore vivons épargnés ?


Peut-être qu’au dehors un odieux marchandage

De nous autres zombies  contre nos assassins

Se fait dans le silence, pour tourner la page

De ce livre éternel aux paroles d’airain,


Qui de notre destin ne peut se lire en vain !


19 janvier 2025


17 - Homme

L’Homme qu’on dit “sapiens” n’est qu’une esquisse encore 
De ce qu’il pourrait être et peut-être sera.
Ce n’est que le maillon qu’après bien des efforts
La Nature a formé, mais qui disparaîtra

Pour être un autre encore, si sa pulsion de mort
À la fin le conduit, en guerres permanentes
A détruire, effacer, jusqu’au bout le trésor
De  la Vie-étincelle, en des luttes sanglantes.

Déjà plusieurs rameaux de cet arbre hominien
Sont apparus, ont essaimé, ont disparu.
Le verticille humain qui fut cher à Chardin
N’est peut-être plutôt qu’un buisson survenu

Comme un réseau, une résille, de possibles,
Et non pas le meilleur mais plutôt le plus fort
Finira par étreindre, étouffer, impassible,
Tous les autres, poussé par un tragique effort…

Sauf peut-être, sur Mars, s’épanouir encore ?
 

18 janvier 2025

16 - Censure

La censure autrefois relevait des Jésuites
Ou d’une autorité royale tatillonne,
Aujourd’hui ce n’est plus guère que la poursuite
D’une majorité ne concernant personne.

Le ministre Premier se fait le démarcheur
Pour un projet qu’il a bricolé à la hâte
Auprès d’une Assemblée faite de discoureurs
Fort peu pressés de mettre la main à la pâte.

C’est comme un jeu de société, où l’on s’amuse
À acheter et vendre des parts de marché,
À bâtir des partis en employant des ruses
Dignes des racoleurs d’autrefois pour l’armée.

Tu me donnes dix voix, je t’offre deux pour cent
De plus sur les remboursements de la Sécu…
Je dis que les retraites pour certains soignants
Seront améliorées, pour vous être abstenus !

La censure évitée, la dette continue…

17 janvier 2025

544 - Causse

Le Causse nous montre ses dents

Ce dinosaure enseveli :

Elles sont jaunies par le temps

Et s’effritent en éboulis.


L’Homme trouva quelque refuge

Dans ses entrailles asséchées ;  

C’était bien après le déluge

Qui enfanta cette vallée.


Fleuve et cailloux ont fait pousser

De ci, de là, quelques villages ;  

La cicatrice des sentiers

Conduit encore en ces parages,


Comme venus du fond des âges 

Et bien souvent abandonnés

Demeurant comme des mirages

Au promeneur attentionné


Encore épris de vérité

Millau, 15 janvier 2025 

593 - La trêve

L’Ancien et le Nouveau Président se disputent
La Trêve entre Israël et le Hamas, enfin…
Les otages vivants vont échapper aux brutes
Qui les ont détenus et torturés en vain.

L’échange se fera d’une façon honteuse
Cent terroristes contre un otage innocent…
Au nom d’Allah, ceux de la faction odieuse
Vont pouvoir retrouver leurs pires éléments !

Jamais ne finira la guerre fratricide
Si les Palestiniens ne dictent pas leur loi
À ceux qui jusqu’ici cachent leurs homicides
Au fond de leurs tunnels, comme loups aux abois.

Si Trump et Biden opposés ont oeuvré
Tous les deux pour que cesse un moment le combat,
Pourquoi ne pourrait-on, à la fin, convoquer
Aux négociations, Allah et Jehovah,

Pour se serrer la main, au moins, pour la Télé ! 

16 janvier 2025

577 - Elon Musk

Il nous est arrivé de l'Afrique du Sud
Ayant eu une enfance plutôt agitée,
Des conditions de vie que nous jugerions rudes
Et qui vers l'Amérique vite l'ont poussé.

Il avait un QI à nul autre pareil
Et qui semblait grandir en fonction de sa taille
Il bricola très tôt de petits appareils
Et puis ce fut "PayPal", réussite sans faille.

Très vite revendue cette affaire donna
Assez d'argent pour le projet très en avance
De voiture électrique dénommée "Tesla"
Aujourd’hui devenue mondiale référence.

Et puis ce fut l'espace, objet de son désir ; 
Une à une brûlant les fusées les plus folles
Et comme un boomerang les fit revenir… 
Le premier, il pensa les ramener au sol.

Mars est son objectif — on s'est moqué de lui…
Mais réussissant tout de ce qu'il entreprit
On n'ose plus penser que c'est une folie…
Et "Starlink" aujourd'hui est sa boîte à outils.

Plus riche que tout autre, il achète "Twitter"
En toute liberté, s'en fait un porte-voix…
Trump a vite compris que c'est un vrai bonheur
Pour lui que d'avoir Musk en allié de poids,

Celui qui comme lui joue les provocateurs !

15 janvierr 2025





591 - Bayrou de secours

Il est toujours utile d'avoir  avec soi,
Une roue de rechange, qu'on dit de secours
Même si maintenant  nous n'avons plus le droit
De réparer nous-mêmes, sur les grands parcours.

Sur les petites routes souvent sinueuses,
Il vaut mieux disposer des outils adéquats
Et pouvoir regonfler la Chambre malheureuse
À défaut d'une roue dite faite pour ça. 

Si le manque de Pau fait que de clous se Gave
Un véhicule hybride politiquement,
Qui pourrait faire mieux dans le rôle du brave
Qu'un Béarnais, sachant manier l'autocollant,

Cet émule d'Henri ce catho protestant !

14 janvier 2025